Pascal BOUVIER Le terme nature renvoie à une histoire particulière : il est la référence obligée de tous les penseurs du XVIIIe siècle qui poursuivent une tradition aristotélicienne présentant celle-ci comme une finalité ou un ordre harmonieux. Le développement de la rationalité scientifique en conteste le sens et la fonction idéologique. La technique s’empare du milieu et de l’environnement laissant la nature à elle-même. Est-il encore possible de se référer à cette notion sans tomber dans une pensée nostalgique ? Comment doit-on penser notre rapport face à cette nature fragile que nous vivions comme hostile ? La puissance du rationnel ne doit-elle pas laisser place au constat d’une fragilité réciproque entre l’humanité et la nature ?
Manola ANTONIOLI La crise écologique mondiale ne pourra être résolue, selon Guattari, ni par des décisions prises par des États isolés, ni par une approche purement technocratique des problèmes (approche dont malheureusement relèvent en grande partie aujourd’hui les discours creux sur le « principe de précaution » et le « développement durable »), mais elle demande des prises de décision à l’échelle planétaire et une réorientation globale des objectifs de production des biens matériels et immatériels. Ce qui est en cause est donc une « révolution moléculaire » qui n’implique pas seulement les domaines de grande échelle de l’ordre politique ou industriel, mais aussi et avant tout les domaines moléculaires de la sensibilité, de l’intelligence et du désir.
Bertrand ALLIOT Depuis les débuts de la civilisation, l’homme a découvert la dimension esthétique de la nature et cette dernière est devenue naturellement pour lui un « lieu » de repos idéal. C’est aussi au cœur de la dimension naturelle que le citadin fait l’expérience du « sacré ». Cet article a l’ambition de montrer que l’attachement pour la nature et le désir de la sauvegarder sont d’abord et avant tout motivés par des considérations esthétiques : c’est la dégradation des beautés naturelles qui a de tout temps poussé les hommes à vouloir les protéger. Ensuite, il montre comment ce sentiment à l’égard de l’esthétisme de la nature est refoulé, nié, dès que la nature est intégrée au champ politique, c’est-à-dire dès que l’on tente de protéger la nature par l’action. Enfin, il s’attache à révéler comment, à travers cette négation de la dimension esthétique, le mouvement écologiste actuel s’inscrit dans le matérialisme triomphant de notre époque qui est pourtant largement responsable des problèmes environnementaux.
Manon REGIMBALD C’est à partir d’oeuvres d’artistes contemporains où les échos des propos de Vitruve et de Laugier autour de la cabane primitive résonnent encore, moins comme un mythe mais plutôt comme un schème prospectif où explorer notre manière d’habiter la nature, que cet article envisage le malaise actuel qui touche l’essence même de notre façon d’être sur terre car au milieu du paysage, l’habitant et l’habitat ne tracent t’ils pas la continuité entre l’art et la vie ? Même si l’homme erre de plus en plus à travers les déserts de la terre ravagée. Au XXIe siècle, comment la survivance de cette image fait-elle sens ?
Fabrice FLIPO La nature est incompatible avec le politique, nous dit Bruno Latour. La nature est ce qui permet le politique, nous dit l’écologie, puisque sans écosystèmes il n’y a pas de vie connue possible. La nature, nous dit Mary Douglas, est ce à partir de quoi une discussion est possible. C’est un lieu commun, au sens symbolique et matériel du terme. C’est aussi un bien public, au sens économique du terme. Pour assurer le bien commun, la régulation sociétale doit s’assurer la coopération de toutes et de tous. L’activité humaine actuelle y contribue-t-elle ? Pas vraiment, mais « l’humanité » est plurielle : là réside la problématique du développement durable. Cet article entreprend d’explorer ces différents concepts et de les éclairer afin de mieux comprendre les dynamiques du monde contemporain.
/ PORTRAITS D'ACTEURS DE LA RÉSILIENCE ET DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE EN DRÔME & EN ARDÈCHE /
demain, tous paysans ?
Pour ce premier opus de la revue Tardigrade, nous sommes allés à la rencontre de Camille et François, producteurs de lait pour la laiterie Carrier de Vals les Bains. Nous les avions découverts l’année dernière lors de notre reportage sur la montagne ardéchoise... Nous leur avons donc posé quelques questions indiscrètes pour notre journal « éphémère »...
TABLOÏD 12 pages / AUTOMNE 2020 - 1€ - ISSN : 2743-625X / une publication de l'agence Hilarion consulting / Communication éco responsable en Drôme.
Mai 2016, pour la première fois en France les salariés du géant Amazon entrent en grève pour leurs salaires et pour leurs conditions de travail. Sur le site de Montélimar : neuf jours, neuf Nuits Debout. Les visages de ces jeunes femmes et hommes éclaboussent de vie et de vérité. Les photos de Christine Illana Le Scornet ont été partie intégrante de leur lutte. Chaque jour les Amazon(es) y découvraient leur force et en faisaient leur emblème. Autour d’elles le grand poète Dominique Sampiéro inscrit à jamais leur cri. Loin de tout conservatisme, le printemps social et démocratique français est celui de l’invention de nouvelles formes, Nuit Debout le signe, cet ouvrage en témoigne.
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Nature, humanisme et politique
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